Deux hommes, deux visions. Pierre Loti, l'écrivain voyageur en quête d'exotisme, et Gaëtan de Clérambault, le psychiatre-ethnographe méticuleux, ont arpenté les mêmes ruelles de Fès au début du XXe siècle. Pourtant, leurs récits semblent parler de deux villes différentes.
« Loti décrit une Fès de carte postale », explique Maati Kabbal. Fès est une ville hors du temps conforme à ses rêves d'Orient. Clérambault propose lui des observations et des photographies, étant fasciné par les femmes voilées.
Maati Kabbal a expliqué comment ces récits ont durablement marqué la perception du Maroc. « Aujourd'hui encore, certains clichés persistent dans l'imaginaire collectif, aussi bien en Europe qu'au Maroc », souligne-t-il. Or, l'essai va plus loin. C'est une invitation à reprendre possession de notre propre regard. « Reconnaître ces filtres coloniaux, c'est se donner les moyens de voir Fès autrement, dans sa complexité réelle », conclut l'auteur.
La ville de Fès, la capitale spirituelle du Royaume, ne cesse d’inspirer les auteurs, les chercheurs et les artistes. Cette ville énigmatique au goût de l’exotisme et des passions n’a toujours pas révélé tous ses secrets.