« Un livre n’est plus simplement un objet à lire, mais un espace à vivre ». Ce sont les mots de Rita Baddou, autrice. Aux côtés de Kaoutar Chaqchaq et de Salima El Mandjra, écrivaines. Baddou a dévoilé les contours d’une scène éditoriale en pleine mutation, où texte et image s’entremêlent pour donner naissance à des œuvres résolument modernes.

Longtemps considérée comme un simple support, l’image occupe désormais une place centrale dans l’édition marocaine. « Nous ne nous contentons plus d’illustrer un texte ; nous créons un dialogue entre les mots et les formes », explique Kaoutar Chaqchaq. Cette approche se manifeste dans des projets audacieux, comme L'espage d'un instant, où elles ne jouaient pas seulement avec les images, mais aussi avec les mots, « Espage est un mélange entre espace et page », nous explique Salima El Mandjra. « L’image n’est pas un décor, mais un langage à part entière. Elle interroge, provoque, et parfois même contredit le texte pour enrichir le récit », ajoute-t-elle.

Dans un moment marquant, elles ont présenté leur œuvre All We Got sur le génocide en Palestine, un projet né de leur méthode de travail unique : « On écrit parfois à cinq mains », révèle Kaoutar Chaqchaq. Cette collaboration intense permet de créer des ouvrages où, comme le souligne Rita Baddou, « Tout est là ! chaque élément visuel et textuel, étant porteur de sens ».

Derrière cette effervescence créative, se cachent des réalités souvent difficiles à gérer. « On dépend de l'argent, des subventions », affirme le collectif qui évoque les difficultés de l'édition indépendante. Néanmoins, ce travail distingué continue de surprendre, comme les bandes dessinées que compte leur ouvrage.