Existe-t-il une philosophie africaine ? On a souvent tendance à idolâtrer tout ce qui est européen. Souleymane Bachir Diagne est de ceux qui s’y opposent. Pour le philosophe sénégalais, il est grand temps de briser les chaînes de l'eurocentrisme et d’assurer au continent africain son autonomie intellectuelle.
Le philosophe met en garde contre les divisions tribales et les nationalismes, les considérant comme des obstacles à la civilisation. Ainsi, il partage la vision de Léopold Sédar Senghor selon laquelle la fierté d'être différent ne devrait pas entraver le bonheur du vivre-ensemble.
Brillant élément au Département de Philosophie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Souleymane Bachir Diagne a analysé dans son dernier livre «De langue à langue. L’hospitalité de la traduction» le phénomène de la traduction dans une perspective historique, en examinant l'inégalité entre les langues dominantes et les langues dominées. En outre, il aborde une question cruciale pour la communauté des auteurs, écrivains, poètes et philosophes : celle de l'adoption ou de la conquête d'une langue universelle autre que leur langue maternelle. Le cas de Léopold Sédar Senghor, de Elie Wiesel ou encore d’Emmanuel Levinas, ont été cités. Leur dénominateur commun, c’est qu’ils ont tous choisi de traduire de leur langue maternelle à une langue d'accueil telle que le Français, plutôt que de s'exprimer dans la langue dominante qu'est l'anglais. «Il ne faut pas ignorer que la traduction est une forme de domination», conclut-il.