La médiation entre le livre et le lecteur est-elle une mission délicate ? C’est le dilemme qui hante l’esprit d’acteurs littéraires de tous bords. Une conclusion qui s’est dégagée de la conférence sous le thème « La médiation culturelle, vecteur de lecture publique » tenue vendredi 9 juin 2023 à l’Espace professionnel du Salon international de l’édition et du livre (SIEL).

Il parait que les éditeurs, les libraires et les bibliothécaires, véritables médiateurs entre le livre et les lecteurs, font face à des difficultés tirées de leurs propres expériences. C’est ce qui a été exprimé en tout cas par Nawal Sekkouri, directrice du complexe culturel Anfa, Moubarik Ach-Chantoufi, activiste social et directeur d'un projet culturel de lecture à Taounat, Meriem Benmhamed, initiatrice d'une petite bibliothèque mobile à Marrakech et doctorante en médiation culturelle et Khalid Benslimane, écrivain.

Entre autres missions, ces médiateurs doivent assumer le rôle de vecteur entre le livre et les lecteurs. Une mission qui n'est pas évidente, que ce soit sur le plan de la promotion des livres ou sur le plan de l’attractivité des lecteurs. « Les obstacles rencontrés dans le quartier d’Anfa, à Casablanca, où je travaille, sont étroitement liés aux autorisations de déplacement pour vendre des livres. Toutefois, malgré ces contraintes administratives, nous avons réussi à digitaliser le catalogue de la seule bibliothèque de la région et à créer un club de lecture. Parfois, je finance moi-même les activités. Je prends souvent l'initiative d'interpeller les élus et les responsables pour répondre à mes besoins », affirme Nawal Sekkouri.

Toujours au sujet de la promotion des livres, les médiateurs doivent créer des associations visant à promouvoir la culture de la lecture. « En 2004, j'ai créé une association pour apprendre aux gens à lire dans le voisinage de Taounat. Nous avons organisé des rencontres littéraires et un festival de la lecture, couronnant des années d'activités culturelles dédiées à la lecture. De plus, les médias ont joué un rôle incontournable dans la promotion de ces événements notamment le festival. Malgré les difficultés rencontrées, particulièrement au niveau des locaux associatifs, nous avons réalisé des progrès significatifs », confie Moubarik Chantoufi.

Certes, la promotion du livre nécessite le soutien des médias, mais il faut d’abord qu’il y ait des initiatives personnelles louables qui méritent d’en parler. Certains projets ont fait parler d’eux. Ils ont été portés par des jeunes dont le seul capital est l’ambition. « J'ai constaté que les enfants apprennent rapidement, mais peuvent aussi s'ennuyer tout autant. J'ai dû adapter mes services pour répondre à leurs besoins spécifiques. J'ai créé ma propre « Karroussa », une carriole de livres itinérante, qui permet aux enfants d'emprunter des livres. Ces derniers contenaient souvent des sujets liés aux Mangas, aux bandes dessinées. Le but étant de rendre épanouissante l’expérience de lecture», explique Meriem Behammed

Le besoin accru de promotion de la lecture est essentiel. Parfois, le projet né du sein d’un collectif de jeunes passionnés. « En tant qu'écrivain, je considère la médiation littéraire comme un moyen essentiel d'établir un lien entre les lecteurs et les livres. J'aimerais voir davantage d'efforts investis dans la promotion de la lecture et encourager une plus grande collaboration entre les acteurs du secteur pour atteindre cet objectif », enchaîne l'écrivain Khalid Benslimane.

Reconnaître le rôle essentiel de la médiation littéraire en tant que vecteur pour établir un lien durable entre les livres et les lecteurs nécessite, tout bien réfléchi, une collaboration renforcée, des ressources adéquates et un soutien institutionnel.