Quels outils pour une professionnalisation des métiers du livre ? C'est la question à laquelle des experts ont tenté de répondre samedi 10 juin 2023, à l’Espace professionnel à la 28ème édition du Salon international de l'édition et du livre à Rabat. Houda Abaylou, responsable de la filière Métier du Livre à la faculté Ain Chock à Casablanca, Hassan Kamoun, directeur de la librairie Paris Al Jadida et président de l'Association Libraires Marocains (ALIM), Salem Kabous, président de l'Association Marocaine des Métiers du Livre, et Rachid Bennani, président de la librairie du Monde Actuel, ont pointé du doigt les lacunes saillantes de la professionnalisation des métiers du livre au Maroc. « La priorité est de poser les jalons d'une bonne pratique du métier en développant une formation structurée et adaptée. La faible affluence sur les inscriptions dans la filière de la formation aux métiers du livre, récemment accréditée à Ain Chock à Casablanca, interpelle. Outre ce problème, personnellement, je trouve que la solution est de définir le rôle de chaque acteur dans l'industrie du livre et de respecter les spécificités de chacun », souligne Houda Abaylou.

D'ores et déjà, ce problème de professionnalisme a été appréhendé par les responsables du secteur. Ainsi, plusieurs projets ont été mis en place afin d'accélérer la professionnalisation du secteur. « Nous avons lancé des initiatives ambitieuses telles que l'informatisation des librairies et la création d'une base de données pour recenser la production marocaine », affirme Hassan Kamoun. Ces projets visent à moderniser le secteur et à faciliter l'accès aux ouvrages pour les professionnels et le grand public.

Salem Kabous, pour sa part, déplore le manque de formations adéquates. « Nous recevons régulièrement des demandes de profils qualifiés, en particulier dans le domaine des bibliothèques, mais malheureusement, il n'existe pas suffisamment de formations solides », se désole-t-il.

La formation, aussi importante soit-elle, à elle seule, n'est pas suffisante pour assurer une professionnalisation en bonne et due forme du secteur. « Il faut être passionné par le métier pour pouvoir contribuer activement à sa professionnalisation et s'adapter aux changements positifs qui l'impactent », ajoute Rachid Bennani sur un ton ferme. Il souligne, en outre, la nécessité de former des professionnels autonomes, capables de se mettre à jour et de s'adapter aux évolutions constantes de l'industrie du livre.

Face à ces constats, les intervenants ont unanimement appelé à une réflexion approfondie sur la mise en place d'une politique nationale du livre. Ils ont insisté sur l'importance d'une coordination entre les différents acteurs du secteur, afin de définir des normes et des standards de qualité « Une politique nationale du livre permettrait d'harmoniser les actions et de favoriser la professionnalisation des métiers du livre à grande échelle », conclut Hassan Kamoun.